J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre
Il se lit rapidement et décrit de façon simple comment se fondent nos erreurs de jugement.
Je ne veux pas spolier l’ouvrage pour vous laisser le plaisir de le découvrir, donc je ne vous livrerai ici que quelques idées clés que j’ai plus particulièrement « stabilobossé ». Toutes les phrases en italique sont des copier-coller des propos de l’auteur.
Le Discernement un ouvrage qui est illustré essentiellement par le manque de discernement de nos gouvernants mais les conclusions intéresseront aussi les managers, qui eux aussi devraient plus souvent préférer « la preuve des réalisations à celle des déclarations » et aussi se concentrer sur « l’effet majeur », cette notion qui vient du monde militaire et que j’ai découverte grâce à François Bert. (voilà de quoi compléter ce que je dis habituellement sur le fait de « taper dans la ZIM…« 😉)
Quelques passages et idées clés qui m’ont particulièrement sautés aux yeux
Le discernement est compromis par la peur du silence
Ce que je retiens en premier point c’est la peur du silence, la course à la présence médiatique, l’obsession du court terme. Nos hommes politiques qui devraient penser à nos enfants, à l’avenir de notre pays, sont en fait concentrés sur le court terme, sur la communication, sur ce qui va être dit au prochain 20H. Pourtant, l’auteur explique que l’art du discernement passe justement par un temps de silence, de concentration, d’écoute.
« On croit que le silence est dangereux. On le comble à tout prix. On fourmille d’idées agitées pour le remplacer. Et le pouvoir s’éloigne ainsi, encore plus vertigineusement, du recul et du discernement dont il a un besoin urgent pour savoir où aller. »
Cette absence de prise de recul, explique comment « d’innombrables décisions catastrophiques ont été prises par des chefs d’État alors même qu’ils étaient abondamment renseignés et épaulés par des spécialistes chevronnés ». L’auteur souligne ainsi la manière dont la France a volontairement sabordé son avantage compétitif incomparable dans l’énergie nucléaire.
« Insensiblement, depuis près de cinquante ans, s’est installée une pratique du pouvoir qui ne se rend même plus compte de son incapacité à résister à la pression de l’immédiateté et qui tient pour acquis, dans les débats politiques comme dans les délibérations de gouvernance, qu’une bonne communication est une réponse suffisante aux questions qui lui sont soumises. »
Exister dans le temps présent, c’est préférer la preuve des réalisations à celle des déclarations.
Ce n’est pas l’intensité initiale du verbe, mais la clairvoyance silencieuse au cœur des difficultés qui fait gagner.
Le discernement s’appuie sur la force de l’évidence
« Le discernement, c’est de l’écoute accumulée jusqu’à l’évidence. Cette évidence, c’est celle de la décision à prendre, ici et maintenant « . Cette idée est très bien décrite dans l’ouvrage qui distingue l’évidence du fantasme. Prendre le temps de découvrir « l’évidence » c’est aussi éviter le piège des compromis dont nos politiques sont si friands, avec toutes les inepties qui en découlent.
Je m’arrête ici car je veux vous laisser le soin de lire vous même cet ouvrage et de vous faire votre idée.
Ensuite, vous ne regardez plus de la même façon la communication de nos dirigeants. Par exemple, au moment où j’écris ces lignes nos députés sont en concurrence pour savoir qui inventera la meilleure façon de légiférer sur la priorité nationale que constitue les punaises de lit… Avec un peu de chance, le plus volubile sera invité sur un plateau pour venir présenter son projet de loi ou de réglementation supplémentaire… Bref, les exemples qui viennent illustrer les propos de l’auteur sont quotidiens…
C’est un livre qui mérite d’être lu plusieurs fois pour bien s’imprégner des principes clés. C’est un livre à offrir à votre député, voire plus haut si vous avez le bras assez long. C’est un livre à faire lire à vos enfants. Et c’est un livre qui peut aussi être lu avec le prisme d’un manager ou d’un dirigeant d’entreprise pour éviter de suivre tête baissée les « conseillers » ou de subir la pression des émotions lorsque les vents sont contraires.
Et enfin, c’est un livre d’espoir…. En effet, en le lisant ces lignes, on peut espérer que les inepties gouvernementales qui se multiplient maintenant depuis si longtemps soient le fruit d’un manque de discernement et pas d’une volonté délibérée…