La guerre des intelligences à l’heure de ChatGPT est un livre qui donne le vertige au sens premier du terme.
C’est à la fois un livre factuel qui s’appuie sur d’innombrables sources, un livre de futurologie, un livre d’horreur sous certains aspects et puis aussi, peut-être, un livre d’espoir si les hommes décident d’exploiter de façon positive la puissance hallucinante des outils qu’ils sont en train de créer.
Même si son ouvrage fait peur, l’auteur se veut quand même optimiste.
Il rappelle par exemple, les nombreux aspects positifs que le progrès technique a eus sur nos vies (on oublie un peu facilement que la vie d’avant n’était pas aussi facile) et les perspectives de progrès à venir qui pourraient transformer la médecine, l’éducation, les sources d’énergie, etc.
Mais il décrit aussi les obstacles à franchir pour ne pas être complètement noyés par ce tsunami technologique. Le premier d’entre eux est politique. Tous les ministères sont concernés à commencer par celui de l’éducation qui est encore très loin de se préoccuper de la façon de préparer nos enfants à un monde ou la compétence clé sera de savoir travailler en complémentarité avec l’IA.
Je cite l’auteur sur ce sujet de l’école en particulier : « L’école va faire face à un tsunami en deux vagues très rapprochées : la première va remettre en cause la plupart des métiers auxquels elle prépare ; la seconde va rendre obsolète toute la technologie de transmission sur laquelle elle repose depuis toujours… »
Beaucoup de choses dites dans cet ouvrage sont choquantes. Choquantes, mais réalistes.
Ce qui est tabou aujourd’hui sera sans doute la norme bientôt. Espérons que le réveil ne soit pas trop tardif.
La guerre des intelligences à l’heure de ChatGPT : quelques citations (non politiquement correctes) tirées du livre :
- La puissance informatique maximale sur terre a été multipliée par un milliard de milliards en quatre-vingt-cinq ans. Les experts envisagent que des ordinateurs effectuant un milliard de milliards de milliards d’opérations par seconde seront entre nos mains vers 2050.
- Pour rester dans la course, l’être humain aura deux choix, d’ailleurs pas exclusifs l’un de l’autre : l’eugénisme biologique et la neuro-augmentation électronique. Il sera en 2100 jugé aussi étrange de laisser de petits enfants naître avec un QI inférieur à 160 qu’aujourd’hui de mettre sciemment au monde un bébé gravement déficient mental.
- Le débat politique s’en tient aux détails secondaires. En matière d’éducation, il est en décalage complet avec les enjeux de la reconversion sociale pour faire face au tsunami technologique en cours. Nous discutons du sexe des anges à l’heure de ChatGPT. À très court terme, c’est notre façon d’acquérir des connaissances, inchangée depuis des siècles, qui va devoir embrasser les nouvelles technologies pour gagner en efficacité et en rapidité.
- Le CNRS avec 3,5 milliards représente le dixième de la recherche chez Amazon.
- Nous entrons dans l’ère des gourous verts, qui maquillent l’histoire, vendent de la peur et promeuvent une irrationalité qui sert leurs desseins cachés. La fin du monde est un thème porteur. Cela empêche de piloter la révolution technologique entamée par ChatGPT. L’opinion publique est d’autant plus facilement paniquée que toutes les informations positives lui sont soigneusement dissimulées.
- N’écoutez pas les intellectuels apocalyptiques : la vie n’a jamais été aussi magnifique. Pour vous en convaincre, courez télécharger un livre d’histoire de la médecine. Car non, ce n’était pas mieux avant ! C’était horrible, avant ! En 1950, 27 % de tous les enfants sur terre mouraient avant l’âge de quinze ans.
- Cette fascination pour la décroissance survient au moment où ChatGPT va générer une bouffée d’innovations et accélérer la croissance économique.
- GPT5 sera plus intelligent que 80 % des Français, ce qui va créer une crise sociale…
- Ce n’est pas le revenu qui doit être universel, mais le développement du cerveau !
Voilà, je m’arrête là, mais je vous assure que ceci est une infime partie des sujets développés par l’auteur.
Je ne peux pas dire que j’ai pris du plaisir à lire ce livre, car chaque page ou presque me faisait froid dans le dos. Mais, une chose est sûre, j’ai pris conscience de ce tsunami technologique qui arrive, pour le meilleur ou pour le pire…
Et la vente dans tout cela ?
Je regrette que Laurent Alexandre n’ait pas abordé le sujet de la vente, non pas que ce soit primordial, mais comme c’est mon prisme, j’aurais adoré connaître ses prophéties. J’aurais aimé qu’il nous donne son point de vue sur les pistes à suivre pour devenir un bon commercial à l’heure de ChatGPT.
Si j’osais quand même un pronostic, je dirais que la barre va être fixée de plus en plus haut. Il ne faudra pas seulement développer son « QT », comme je le disais dans cet article, mais s’assurer de son QCIA – quotient de complémentarité avec l’IA – que décrit Laurent Alexandre avec de nombreux exemples.
Et puis l’avenir des commerciaux sera sans doute différent selon la façon d’appréhender ce métier. Ceux qui se contentent aujourd’hui de « prendre des commandes » vont certainement rapidement être en doublon avec des bots très évolués.
En revanche, ceux qui se concentrent et qui performent sur la conquête, sur le fait d’ouvrir de nouvelles sources de business, sur leur capacité à créer la confiance initiale, à rassurer face à des décisions importantes ont encore quelques années devant eux. Tout comme les infirmières et les sages-femmes dont l’empathie et la capacité à prendre la main d’un patient, n’est pas encore remplacée par l’IA, les commerciaux qui sauront lier QCIA et empathie auront un bel avenir. Enfin, je l’espère.
Allez, à vous de lire de vous faire votre opinion.
Ps : si lire un livre aussi gros vous rebute, alors écoutez au moins l’épisode du podcast de GDIY dans lequel Laurent Alexandre présente ses convictions. Et puis dans la foulée, écoutez aussi celui de Jeff Pillou, qui explique très bien comment les développeurs, eux aussi, vont travailler différemment et beaucoup plus vite. Ça décoiffe. Parole de chauve !
