The Gold Mine Effect est un excellent complément à PEAK, cet autre ouvrage qui traite de la quête d’excellence et pour lequel j’ai aussi fait une fiche de lecture.
Le fil rouge de ce livre est d’aider les coachs sportifs, mais aussi pourquoi pas, les managers au sens large, à repérer les personnes susceptibles de performer plus que les autres.
Après une erreur d’appréciation vis à vis d’un futur champion, qu’il avait lui même jugé « moyen », l’auteur décide de se plonger dans cette quête…
Est-il possible de mieux comprendre ce qui fonde la performance des meilleurs ?
Il est donc aller enquêter dans les pays qui fournissent tellement de champions dans leur discipline reine, qu’on pourrait imaginer que c’est une question de gènes : les kenyans sont plus resistants, les brésiliens naissent avec le don du football et les jamaïcains courent naturellement le 100m en 10 secondes… Evidement, l’auteur arrive à la conclusion inverse. Les gènes n’ont rien à voir avec la performance des plus grands champions.
L’auteur explique que toute la difficulté pour identifier les futurs talents réside dans le fait que ce n’est pas qu’une question de talents. Être doué n’est pas suffisant pour atteindre l’élite, loin s’en faut. Les plus grands champions se distinguent pour d’autres raisons.
Cet ouvrage propose donc de dévoiler ces facteurs qui expliquent, au-delà du talent, ce qui est à l’origine des plus grandes performances, ces éléments qui expliquent pourquoi certains athlètes surpassent d’autres concurrents, également très talentueux, mais moins performants.
Ce livre m’a intéressé parce que dans une entreprise comme dans stade, les écarts de performances sont parfois énormes, sans qu’on puisse vraiment l’anticiper.
Voici ce que je retiens, avec mes mots, des 8 conclusions de l’auteur, après ses voyages auprès des meilleurs « mines de talents » que ce soient les favelas brésiliennes, les hauts plateaux du Kenya, etc..
Le livre est bien plus complet que cette selection d’idées que j’ai reformulées avec mes mots et vous ne perdrez pas votre temps à le lire. Si vous aimez le sport, votre lecture sera encore plus agréable.
Le secret n’est pas un secret
Le talent n’est pas aussi rare qu’on le pense.
Ce qui compte le plus c’est croire en son potentiel. L’auteur cite l’exemple de Madonna. De très nombreuses femmes dans le monde chantent bien mieux que Madonna, mais la différence est que Madonna croyait sans doute plus en elle que toutes ces femmes réunies et a fait ce qu’il fallait pour y arriver sans se dire que son niveau de chant ne pouvait pas lui permettre. Les gènes ne font pas tout, loin s’en faut.
La face émergée de l’iceberg ne suffit pas pour recruter
L’auteur décrit assez longuement les pratiques de « recrutement » de Steven Francis. Cet entraineur a fait éclore un très grand nombre de très grands sprinteurs jamaïquains. Il explique par exemple que lorsqu’il accepte ou pas un athlète dans son camp d’entraînement, il ne se base pas que sur le niveau de performance à date, mais surtout sur ce qui explique cette performance. Par exemple, Asafa Powell a été recruté par Steven Francis alors qu’il courait le 100 m en 10,8. Beaucoup de candidats couraient plus vite que lui, mais ce qui rendit Francis très confiant sur le potentiel de Powell était le très mauvais niveau d’entraînement (et d’entraineur) qui avait permis cette performance.
Les circonstances dans lesquelles les résultats sont obtenus expliquent (ou pas) la véritable excellence du candidat. Il est donc toujours judicieux de chercher à comprendre comment les chiffres annoncés s’expliquent et quel niveau de détermination a permis de les atteindre.
Le nombre d’heures d’entraînement compte plus que le talent
L’auteur démontre avec de multiples exemples que l’excellence et la supériorité technique viennent avec le nombre d’heures de pratiques.
La très haute performance peut être un choix, dès lors qu’on est prêt à s’investir suffisamment. Les meilleurs, que ce soit dans le sport ou dans d’autres domaines ne le sont pas juste parce qu’ils étaient plus talentueux que les autres, mais plutôt parce qu’ils ont fait beaucoup plus de sacrifices pour travailler très dur, pendant des années.
Il illustre aussi ceci par l’âge à partir duquel les enfants commencent à s’entraîner sérieusement que ce soit de jeunes sportifs ou de jeunes violonistes par exemple. Deux à cinq ans d’avance, à raison de 5 heures d’entraînement par jour (ou plus), donnent des avantages qui sont impossibles à rattraper. Par exemple, il n’est pas rare qu’un jeune footballeur brésilien ait déjà accumulé ses 10 000 heures d’entrainement à 13 ans… Ce qui est l’âge où beaucoup de footballeurs européens commencent à s’entrainer sérieusement. Idem pour les jeunes coréennes qui dominent le golf mondial. Elles s’infligent juste des quantités d’entrainement invraisemblables.
Celui qui perd est celui qui abandonne le premier
La lecture de ce chapitre m’a rappelé une expérience que j’avais vécue avec Guillaume Nery il y a une vingtaine d’années. Il nous avait demandé combien de temps nous pensions pouvoir rester sous l’eau sans respirer. La moyenne du groupe tournait autour de 45 secondes, une minute. Il nous avait alors expliqué que lorsqu’on a l’impression de ne plus pouvoir tenir, en fait, nous disposons encore de la moitié de notre stock d’oxygène…
Et bien dans The Golden Mine Effect, l’auteur illustre ce même principe avec l’entrainement des champions kenyans. On imagine facilement que leur supériorité dans les courses de fond vient aussi des gènes… jusqu’au jour où on va observer la façon dont ils s’entrainent. Et là, c’est juste un autre monde. D’abord, ils ne font que ça, quand ils ne s’entraînent pas ils se reposent. Et ensuite, leur vision de la douleur n’est pas la même. Ils voient la douleur comme un challenge, pas comme une alerte. Ceci rend les séances d’entraînement absolument insoutenables pour des athlètes étrangers.
Leur philosophie se résume ainsi : Celui qui arrive deuxième a choisi de perdre. Ce n’est pas parce qu’il n’avait pas les réserves suffisantes, son cerveau a dit non parce qu’il était incapable de se convaincre qu’il était important d’aller encore plus loin. Il a accepté d’être deuxième.
Le succès vient de l’état d’esprit, pas du luxe des infrastructures ni des résultats passés.
Tous les centres d’entraînement que l’auteur nous décrit sont plutôt rustiques, voire très sommaires. Rien à voir avec les clubs européens qui cocoonent leurs apprentis. Le luxe, ou tout au moins le confort, fait perdre le sens de l’urgence, laisse place à la facilité et celle-ci finit par être balayée par le travail sans relâche des concurrents qui ont « faim ». Et c’est la même chose dans l’entreprise.
Le succès du jour est un début, pas une fin… sinon, la spirale négative commence. (Stephen Francis: ‘The art of a successful mindset is to view your victories as a beginning and not as a conclusion.)
L’influence du coach sur la performance
Le livre est basé sur des interviews de coachs qui ont su déceler des talents et aussi bien sûr les entrainer vers le succès.
Vous y trouverez donc les principes clés appliqués par ces supers coachs et notamment quelques points communs tels qu’un énorme niveau d’exigence et une grande connaissance de la psychologie humaine pour adapter leurs conseils à chaque athlète.
L’importance des parents
Tout un chapitre est consacré au rôle et à l’impact des parents.
Au début du livre il est précisé que le nombre d’heures d’entrainement, dès le plus jeune âge est déterminant. Alors, évidemment, ceci est rarement possible sans l’appui des parents. Cet appui, cet encouragement est d’ailleurs souvent jugé comme excessif et c’est même devenu une forme de tabou dans de nombreux pays. Mais derrière les plus grands performers, on retrouve très souvent des parents qui les ont poussés de toutes leurs forces et le plus souvent contre leur gré !
Celui qui gagne est celui qui le veut plus que les autres
Enfin, le dernier chapitre est consacré à ce qui fonde la détermination. Il y donne plusieurs exemples d’immenses champions qui ont complètement arrêté de pratiquer leur sport après leur dernière compétition. Pourquoi ? Parce que ce n’était pas leur passion. C’était juste un moyen pour eux de sortir de la pauvreté, de nourrir leur famille ou d’être reconnu. Il écorne donc ici, le principe qui consiste à mettre de façon systématique la motivation intrinsèque au-dessus de la motivation extrinsèque. L’auteur donnent plusieurs exemples qui illustrent le contraire.
Voilà, je vais m’arrêter là. Je pense que je relirai ce livre une nouvelle fois…
Pour finir, je vous cite un dernier message que je dédie à tous ceux qui font avec des pieds de plomb quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas bien :
Don’t wait for the thunderbolt of passion to hit you. It’s not going to happen on its own. Instead, start to act – engage and invest yourself in what you do and the passion will start to flow. Often, it’s perseverance that fosters passion, not the other way around. N’attendez pas que le coup de foudre de la passion vous frappe. Cela ne viendra pas tout seul. Au lieu de cela, commencez à agir, engagez-vous et investissez-vous dans ce que vous faites et la passion viendra. Souvent, c’est la persévérance qui alimente la passion, et non l’inverse.)
Allez, bonne lecture à vous !
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